Dans le paysage français de la reconnaissance du handicap, le terme Cotorep reste profondément ancré dans les mémoires. Pour certains, il évoque un document crucial pour accéder à des droits ; pour d’autres, une étape administrative essentielle dans leur parcours de vie. Bien que cette instance ait officiellement disparu au profit de la MDPH, son héritage demeure central dans la compréhension de la politique du handicap en France.
Cet article vous propose une exploration complète de la Cotorep : son rôle historique, ses missions, les raisons de sa disparition, et comment ses fonctions ont été transférées aux structures actuelles. À travers ce voyage, nous mettrons également en lumière les démarches à entreprendre aujourd’hui pour faire valoir ses droits en tant que personne en situation de handicap.
Histoire de la Cotorep : une institution pionnière
Qu’est-ce que la Cotorep ?
La Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel, plus connue sous l’acronyme Cotorep, était un organisme départemental créé en 1975 dans le cadre de la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Elle avait pour vocation de faciliter l’insertion sociale et professionnelle des adultes en situation de handicap.
Un rôle à plusieurs dimensions
Les missions principales de la Cotorep étaient les suivantes :
- Évaluer le taux d’incapacité des personnes adultes.
- Délivrer la carte d’invalidité (aujourd’hui carte mobilité inclusion).
- Attribuer l’Allocation Adulte Handicapé (AAH).
- Proposer des mesures de réinsertion professionnelle.
- Orienter vers des établissements ou services adaptés (ESAT, foyers d’hébergement, etc.).
Elle représentait donc un guichet unique d’accès aux droits pour les personnes en situation de handicap. Elle jouait également un rôle crucial de médiation entre l’administration, le monde du travail, et les personnes concernées.
Pourquoi la Cotorep a-t-elle disparu ?
Une volonté de simplification administrative
En 2005, la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a profondément réformé le système. Cette réforme visait notamment à :
- Améliorer l’accessibilité aux droits.
- Centraliser les démarches.
- Impliquer davantage les personnes handicapées dans la gestion de leur dossier.
C’est dans ce contexte que la Cotorep a été supprimée, au profit d’un nouvel organisme : la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), mise en place en 2006.
La MDPH, héritière de la Cotorep
La MDPH reprend aujourd’hui l’ensemble des missions exercées auparavant par la Cotorep, avec une approche plus globale. Elle constitue un lieu d’accueil, d’information, de conseil, et d’instruction des droits des personnes handicapées – qu’il s’agisse d’enfants, d’adultes ou de seniors
Cotorep et reconnaissance du handicap : une notion toujours vivante
Le terme reste utilisé dans le langage courant
Même si la Cotorep n’existe plus administrativement, elle demeure présente dans le vocabulaire populaire. De nombreuses personnes, notamment les plus âgées, parlent encore de “passer à la Cotorep” lorsqu’elles entament des démarches pour obtenir une reconnaissance du handicap.
Cela s’explique par deux éléments principaux :
- La force de l’habitude : durant plus de 30 ans, la Cotorep a été le seul interlocuteur des personnes handicapées.
- La lenteur de transition : la MDPH ayant repris les mêmes missions, la continuité des démarches a renforcé la confusion.
Les droits auxquels donne accès la reconnaissance de la Cotorep
Allocation Adulte Handicapé (AAH)
Ce revenu de solidarité est destiné aux personnes reconnues en situation de handicap et dont les ressources sont faibles. Son attribution dépend de plusieurs critères, notamment :
- Un taux d’incapacité d’au moins 50 %.
- Une restriction substantielle et durable d’accès à l’emploi (si le taux est entre 50 et 79 %).
- Une incapacité permanente d’au moins 80 % pour une attribution sans condition d’emploi.
Orientation professionnelle
La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), qui était auparavant délivrée par la Cotorep, permet aujourd’hui aux bénéficiaires de profiter de dispositifs d’insertion :
- Accès facilité aux contrats aidés.
- Aménagements de poste.
- Accompagnement spécialisé par Pôle emploi ou Cap Emploi.
Aides techniques et humaines
La reconnaissance permet aussi de bénéficier d’équipements adaptés, d’aides humaines (auxiliaires de vie), de soutien psychologique ou encore d’aménagements de domicile.
Comment faire une demande aujourd’hui ?
Étapes principales
Même si la Cotorep n’existe plus, les démarches sont toujours bien encadrées :
- Constitution du dossier MDPH
Il faut télécharger le formulaire Cerfa n° 15692*01, le remplir soigneusement, et l’accompagner d’un certificat médical datant de moins de six mois. - Dépôt du dossier à la MDPH
Il peut être envoyé par courrier, ou déposé directement au siège de la MDPH de votre département. - Évaluation par une équipe pluridisciplinaire
L’équipe analyse votre situation, vos besoins et propose un Plan personnalisé de compensation du handicap (PCH). - Décision de la CDAPH
La Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées rend une décision sur vos droits.
Délais et recours
Les délais de traitement peuvent varier de 4 à 6 mois. En cas de refus ou de désaccord, un recours administratif peut être introduit dans un délai de 2 mois après la notification.
Cotorep et perception sociale du handicap
Une reconnaissance lourde de sens
Obtenir une reconnaissance (anciennement Cotorep, aujourd’hui MDPH) est bien plus qu’un acte administratif. Pour beaucoup, il s’agit :
- D’un accompagnement vers l’autonomie.
- D’une légitimation sociale de leur situation.
- D’un soutien moral dans un parcours souvent semé d’embûches.
Vers une société plus inclusive ?
Les démarches issues de l’héritage de la Cotorep traduisent une volonté politique d’intégration des personnes handicapées. Toutefois, beaucoup dénoncent encore :
- Des lenteurs administratives.
- Une méconnaissance des droits par les usagers.
- Des refus injustifiés ou mal motivés.
L’enjeu est désormais de simplifier les parcours, d’accélérer les délais de traitement, et de former davantage les professionnels à l’écoute des besoins.
Cotorep : un terme historique mais toujours chargé de symbolique
Un héritage à ne pas oublier
Si la Cotorep n’est plus officiellement en fonction, elle reste un symbole fort de la reconnaissance du handicap en France. Elle incarne une époque où les droits des personnes handicapées commençaient à être mieux structurés, même si de nombreux progrès restaient à faire.
Aujourd’hui, la MDPH a hérité de cet esprit, en visant plus de proximité, de personnalisation, et d’humanité dans le traitement des dossiers. Mais pour de nombreux citoyens, “la Cotorep” reste le point de départ de leur parcours vers la reconnaissance et la dignité.
Conclusion
Le mot Cotorep résonne encore puissamment dans l’imaginaire collectif français. Bien que cette structure ait été remplacée par la MDPH depuis plus de quinze ans, son nom continue d’être utilisé, témoignant de son rôle déterminant dans l’histoire de la reconnaissance du handicap.
Dans un monde où l’inclusion devient une valeur centrale, il est essentiel de comprendre les racines de cette évolution. La Cotorep a posé les bases d’un système qui continue aujourd’hui à évoluer. À travers les efforts constants des MDPH, des associations et des institutions, le combat pour l’égalité des droits des personnes handicapées continue, avec en toile de fond un seul objectif : permettre à chacun de vivre dignement, quelles que soient ses capacités.